Quels emplois pour la perte d’autonomie ?

Texte publié le avril 2010.

L’allongement de la durée de la vie est lié aux progrès de la société et fait progresser le nombre de personnes concernées par une perte d’autonomie.

Cette prise en charge constitue un nouveau besoin qui nécessite la mise en place de réponses adaptées qui doivent totalement s’intégrer dans les fondements de la protection sociale : faire face aux aléas de la vie de la naissance à la mort.

Les personnes âgées en perte d’autonomie relèvent de la sécurité sociale
A ce titre, la perte d’autonomie des personnes âgées doit relever de la solidarité nationale et non de la solidarité familiale. Elle doit être prise en charge par la sécurité sociale.

Mais la perte d’autonomie est plus ou moins grave. Lorsque le pensionné est classé en Gir 5 et 6, il est considéré comme faiblement dépendant, pour autant il a besoin d’une aide matérielle et humaine. Sans cette aide, sa situation peut rapidement s’aggraver et déboucher sur une hospitalisation ou un placement en établissement médicalisé.

L’employeur doit participer à la prévention

C’est pourquoi l’UGFF CGT estime que l’employeur public doit contribuer à la prise en charge du paiement des heures relatives à des aides à la mobilité, aux gestes de la vie quotidienne, à titre préventif. Cette prévention est à l’image de l’action sociale des caisses de retraite.

Mais cette démarche revendicative ne suffit pas à l’UGFF CGT ; faut il encore que le pensionné ou sa famille soit préservé de la marchandisation de la dépendance, et ne soit pas contraint à employer de « gré à gré » une personne sans qualification.. C’est pourtant le cas en France dans 80% des cas (selon une étude de la commission européenne, on évalue à 200 000 les emplois « au noir » en France pour les services d’entretien de la maison à destination des particuliers). Les 20% restants sont des employeurs essentiellement des associations. Depuis la loi Borloo de 2005, ce sont aussi des entreprises privées, mais la situation des personnels se ressemble : précaires, peu formés, peu rémunérés, isolés…

Enrichir le contenu des aides à domicile pour éviter l’hôpital

Pour l’UGFF CGT, en limitant l’assistance aux personnes âgées dépendantes à la seule notion d’aide ménagère à domicile, on restreint la qualification, l’attractivité et la rémunération.
Au contraire, le contenu des prestations rendues à domicile aux personnes âgées doit s’enrichir pour réduire le taux d’hospitalisation pour deux raisons essentielles.

La première tient au fait que l’hospitalisation est aujourd’hui reconnue comme une des premières causes de perte d’autonomie chez les personnes âgées. Maintenues hors de leur environnement habituel, elles perdent vite leurs repères dans le temps et l’espace.

La seconde est économique car il est admis aussi que l’investissement dans des emplois à domicile qualifiés coûterait moins cher qu’une hospitalisation.

Et pourtant on est bien face à une pénurie de personnels en quantité et en qualité. Et lorsque certaines activités exigent déjà un diplôme ou une qualification tel le diplôme d’état d’auxiliaire de vie sociale (DEAVS) pour l’aide à la toilette. La demande est tellement importante que les compétences ne peuvent pas être affectées à chaque personne âgée dans le besoin. Aujourd’hui le désengagement de l’Etat freine lourdement la progression qualitative.

L’Etat doit rester le garant de la façon dont vivre les personnes âgées en perte d’autonomie dans le cadre d’une réponse globale sur la base d’un salaire socialisé.

La prise en charge de la perte d’autonomie doit aller, par exemples, vers la définition d’une aide personnalisée au regard des situations de vie, à partir d’une évaluation indépendante, pluridisciplinaire et commune à tous les intervenants ou encore à des réponses de proximité dans un cadre national….

Pour garantir l’égalité et la non discrimination face à la perte d’autonomie, parmi ses propositions, la CGT avance que :
 l’aide à domicile devrait relever d’un grand service public, qui réponde à la fois aux besoins des personnes aidées et à ceux des salariés –formation - professionnalisation , définition du contenu du travail - qualification – rémunération…
 la formation des personnels devrait relever de l’éducation nationale ou de la formation professionnelle continue…

La CGT propose aussi de réfléchir à des maisons de coordination des acteurs locaux et nationaux, qu’ils soient sociaux, médico-sociaux…Elles devraient respecter un cahier des charges précis relatif à l’information des familles, à la mise en réalisation des acteurs, au suivi de la personne etc.

Nous avons donc encore beaucoup de chemin à parcourir pour professionnaliser ce secteur d’aides à la personne Pour y contribuer, l’UGFF CGT exigera que la participation de l’employeur public au maintien à domicile des pensionnés de l’état participe de la réduction du reste à charge du pensionné mais aussi de la qualification, de la permanence, de la rémunération.. des personnels affectés à ces missions sociales.