Pour un 8 mars 2014 revendicatif

Texte publié le 14 janvier 2014.

Des inégalités qui perdurent

Les femmes perçoivent toujours, en 2013, une rémunération inférieure en moyenne de 27% à celle des hommes : c’est un chiffre désormais bien connu et la réalité discriminatoire qu’il reflète est considérée comme injuste par une écrasante majorité de la population. A ce titre, on peut dire que les défenseur-e-s de l’égalité ont gagné la bataille de l’opinion. Si ce message-là est bien passé, ce n’est pas le cas en revanche pour ce qui concerne les causes de cet écart. Pourtant, c’est bien sur elles qu’il faut agir. Nous devons les faire connaître du plus grand nombre tout en rappelant que les inégalités professionnelles ne se réduisent pas aux seules inégalités salariales.

Faire le constat de l’ampleur des inégalités professionnelles femmes-hommes doit déboucher sur des actions concrètes pour faire évoluer la situation et pour changer la vie des femmes. La journée du 8 mars 2014 peut être l’occasion de remettre la question à l’agenda militant et politique, notamment en donnant un maximum de visibilité aux luttes de femmes salariées sur le terrain.

Les causes de ces inégalités sont peu connues

Les 27% d’écart de salaire moyen entre femmes et hommes au détriment des premières s’expliquent par quatre grands types de facteurs : le temps partiel, la ségrégation des femmes dans des métiers à bas salaire, les écarts cumulés sur la carrière et la discrimination pure.
La Cgt développe une analyse et des propositions sur chacune de ces 4 dimensions et agit sur le terrain à l’occasion des NAO et des négociations sur les accords égalité notamment. Cela étant, ces actions gagneraient à être systématisées dans toutes les entreprises.

Les inégalités professionnelles femmes-hommes, c’est aussi la surreprésentation des femmes dans l’inactivité (contrairement aux hommes, les femmes sans emploi sont plus souvent inactives que chômeuses) et parmi les demandeurs d’emploi qui travaillent (catégories B et C), un taux d’emploi qui reste inférieur à celui des hommes, des conditions de travail qui se dégradent et dont certaines sont plus dures pour les femmes (les TMS concernent majoritairement des femmes, de même pour la tension au travail et désormais pour les maladies professionnelles), des trajectoires plus chaotiques et descendantes pour les femmes, etc. Le précariat a un sexe : il est féminin. La question de l’articulation entre vie familiale, vie professionnelle et vie sociale pèse encore aujourd’hui bien davantage sur les femmes que sur les hommes, impactant notamment leur qualité de vie au travail et hors travail, leurs revenus et donc leur autonomie.

Un enjeu : rendre visible les luttes

En dépit du fait que le caractère dégradé de la situation des femmes sur le marché du travail est avéré, la réalité qu’elles vivent est occultée tant dans les statistiques que dans les médias qui les relaient. Quand Ils se font l’écho – de façon partielle et partiale – des luttes menées sur le terrain, elles ne sont pas connectées à la question de l’égalité professionnelle. Les exemples de batailles conduites par des femmes salariées pour la défense de leurs intérêts sont pourtant légion : femmes de chambre, cantinières ou professionnelles de la petite enfance de la Mairie de Paris, infirmières, sages-femmes, assistantes sociales, enseignantes, employées du commerce et de la grande distribution à La Part-Dieu et ailleurs, ouvrières et employées de Lejaby, Aubade, Sodimédical, Licenci’elles, etc. Autant de mobilisations pour la défense de l’emploi, l’augmentation des salaires et/ou l’amélioration des conditions de travail des salarié-e-s de secteurs féminisés qui méritent d’être mises sur le devant de la scène. Trop souvent, nous ne faisons pas la connexion entre nos batailles militantes et la question de l’égalité : qui dit, quand les enseignant-e-s se battent pour leurs salaires, que c’est un des exemples de la sous-reconnaissance des métiers féminisés ? Qui rappelle, lorsque nous demandons une augmentation du SMIC, que les smicards sont d’abord des smicardes ? Alors que la première attente des salarié-e-s vis-à-vis des organisations syndicales c’est la question de l’égalité professionnelle, nous gagnerions à amplifier et rendre davantage visibles nos combats sur le sujet, pour montrer que se battre pour les femmes est le meilleur moyen d’améliorer la situation des hommes.

Amplifier le rapport de force

La Cgt peut se saisir du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, pour donner un maximum de visibilité aux luttes des salariées des métiers féminisés et les amplifier. Ce serait particulièrement pertinent en 2014 dans un contexte où les inégalités professionnelles persistent voire s’aggravent et où les politiques d’austérité qui nous sont imposées n’ont pas finies de produire leurs effets. Le 8 mars 2014 arrive également au moment où la loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes sera en navette parlementaire. Alors que le MEDEF bloque toute avancée sur le sujet, il nous faut amplifier le rapport de force, dans les entreprises, les branches et auprès des parlementaires pour obtenir des avancées.

Pour cela, la commission « Femmes mixité » met d’ores et déjà à disposition :
  Un guide pour la négociation, disponible au format électronique et papier
  Un tract et un dossier sur nos 10 propositions en matière d’égalité professionnelle
La commission « Femmes mixité » travaille à :
  Une déclaration intersyndicale permettant de dégager la voie d’un travail en commun dans la durée sur la question de l’égalité professionnelle ;

  L’organisation d’un évènement national revendicatif et festif permettant de valoriser les luttes de femmes et d’hommes ayant pour conséquence davantage d’égalité professionnelle.

  L’élaboration d’un matériel spécifique pour la journée du 8 mars 2014 avec création d’une affiche, d’un clip vidéo, d’une banderole…

La commission « Femmes mixité » propose aux organisations de :

  Enclencher la dynamique dès maintenant avec la campagne sur nos 10 propositions qui peuvent être déclinées en lien avec les négociations (NAO, accords égalité pro…)

  Utiliser la semaine du 8 mars pour organiser des actions militantes et revendicatives sur l’égalité femmes/hommes

  Valoriser des luttes de femmes et d’hommes qui ont eu lieu tout au long de l’année, et qui ont pour conséquence davantage d’égalité professionnelle.

  Prendre contact avec les autres organisations syndicales pour construire ces évènements de la façon la plus unitaire possible.

 Merci de remonter tous les projets d’action, luttes menées et avancées obtenues àfem-mixite@cgt.fr