Il y a cent cinquante ans, la Commune...

Texte publié le 22 mars 2021.

Soixante-douze jours. En quelques semaines à peine, entre mars et mai 1871, le peuple de Paris se soulevait pour la Commune, cette expérience inédite de République sociale et démocratique dans une capitale encerclée, avant d’être écrasée dans le sang sur ordre de Thiers. Que reste-t-il, un siècle et demi plus tard, de ses héritages ? Retours sur un évènement fondateur pour le mouvement social dans un article d’Isabelle Avran paru dans la NVO du mois de mars 2021.

« Place au peuple, place à la Commune ! ».

Voici cent-cinquante ans, le 28 mars 1871, après plusieurs mois d’un siège épuisant et voulant empêcher qu’après la défaite face aux Prussiens et l’armistice les troupes du gouvernement lui prennent ses canons, le peuple de Paris se soulevait pour défendre la ville et se lançait dans une expérience inédite de pouvoir populaire, de République sociale et universelle dans la capitale.

La Commune de Paris n’aura duré qu’à peine plus de deux mois. Mais elle aura expérimenté un pouvoir du peuple par et pour le peuple, se faisant laboratoire de démocratie et révolution sociale et culturelle sans précédent au bénéfice des ouvriers, des artisans, avant qu’Adolphe Thiers la massacre durant une semaine sanglante du 21 au 28 mai.

Héritière d’un siècle d’histoire – les uns se revendiquant des Sans-culottes de 1792, d’autres ou les mêmes d’un mouvement ouvrier en construction dans la diversité de ses courants tandis que la révolution industrielle transformait en profondeur le pays – la Commune de Paris, de même que ses sœurs dans plusieurs villes françaises, aura en peu de temps réalisé une œuvre sociale considérable, à laquelle les femmes ont pris toute leur part, et où les étrangers, s’y engageant eux aussi, étaient faits citoyens, alors même que la capitale demeurait cernée.

Ce « moment de rupture inattendu dans le cours de la vie sociale », cet « évènement tumultueux et dense », pour reprendre les mots de l’historien Roger Martelli, aura à la fois soulevé les espoirs du mouvement ouvrier international naissant, et suscité la peur du pouvoir républicain, mais déjà libéral de Thiers et de ses affidées. La terreur de masse que celui-ci a déployée pour y mettre un terme et imposer son ordre en témoigne.

Un siècle et demi plus tard, la Commune demeure, pour le mouvement ouvrier, le syndicalisme, ou le communalisme, dans le monde, une référence aux héritages aussi divers que les courants qui s’y sont manifestés, mais reste de même méprisée ou détestée par les descendants de Thiers pour lesquels il « n’existe pas d’alternative » à l’ordre qu’ils veulent continuer d’imposer. « Son récit tient de l’épopée, sa mémoire touche au mythe, mais sa lecture ne relève pas du mystère. On sait désormais beaucoup de choses sur ces quelques semaines si intenses », rappelle Roger Martelli.

Un journal n’a évidemment pas vocation à faire œuvre d’histoire. Les quelques pages que consacre cependant ce numéro de la Nouvelle Vie Ouvrière à cet épisode fondateur pour le mouvement social et démocratique, pour le mouvement ouvrier, se veulent un hommage à celles et ceux qui sont devenus les héros de la Commune, et proposent de revenir sur son œuvre, ses débats, sa fécondité, ainsi que ce qu’elle inspire aujourd’hui au syndicalisme et singulièrement à la CGT.

Vous trouverez dans ce numéro de la NVO :

 un retour sur les faits et les origines de la Commune
 un regard sur son œuvre sociale et démocratique
 un rappel du rôle et des revendications des femmes dans par et pour la Commune
 un portrait de Louise Michel
 une analyse sur la postérité de cette révolution ouvrière
 un entretien avec l’historien Roger Martelli
 un entretien avec Gilbert Garrel, président de l’Institut d’histoire sociale sur l’héritage de la Commune pour la CGT
 un entretien avec Jacques Tardi dont les dessins illustrent ce dossier
 et quelques pistes de lecture à lire sur le site de la NVO

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