Déclaration commune de la CGT et de la FSU
Pour un service public de la petite enfance

Texte publié le avril 2010.

A l’occasion du colloque du 27 mars 2010 tenu à Toulouse à l’initiative de la FSU et de la CGT, des usagers et des professionnels, des militants syndicaux et associatifs, des universitaires, ont débattu de l’accueil de la petite enfance.

Accueillir et éduquer les jeunes enfants constitue un enjeu de société crucial à plusieurs titres. C’est pour l’enfant la possibilité de développer ses potentialités, de favoriser son développement, de construire de nouveaux liens affectifs, des moments d’éveil au monde, de socialisation, d’éducation et, pour les plus grands, de devenir élève.

Le droit de chaque parent à pouvoir travailler après la naissance de leur enfant n’est pas encore pleinement reconnu. Les dispositifs d’accueil de la petite enfance constituent une condition essentielle pour favoriser le plein accès des femmes à l’emploi.

Les modes de vie se sont diversifiés : couples mariés ou non ; enfants dont les parents sont séparés ; enfants élevés par un seul de leurs parents, souvent la mère … L’évolution des modes de vie comme les aspirations des salariés se heurtent à un décalage profond avec l’organisation de la société. Les droits des enfants doivent nous conduire à inventer des politiques innovantes qui visent à soutenir la qualité de vie de la famille et l’accompagnement de l’enfant vers l’autonomie et la connaissance.

L’état des lieux des différents modes de prise en charge des enfants est d’abord marqué par le fait que près des deux tiers des enfants de moins de trois ans sont gardés à la maison, essentiellement par leur mère, et qu’il s’agit généralement d’un mode de garde choisi par défaut . Le deuxième est l’assistance maternelle (18 %). Les crèches et autres structures concernent moins de 10 % des enfants. L’école maternelle accueille 18 % des enfants âgés de moins de trois ans, alors que ce taux dépassait les 30% il y a quelques années. Dans les faits, pour les parents, le problème est moins de choisir entre tel ou tel type mode d’accueil que d’accéder à l’un d’eux.

Construire un service public de la petite enfance à partir de la diversité actuelle nécessite à la fois un effort quantitatif important (il manque plusieurs centaines de milliers de places), des débats nécessaires sur les implications des différents modes de garde, leur financement et sur les complémentarités à mettre en place, en fonction des besoins spécifiques des enfants et de leurs parents.

Ce service public doit permettre d’atteindre plusieurs objectifs :
  Reconnaître un droit pour tous les enfants à être accueillis et scolarisés dans des structures adaptées, avec des personnels qualifiés aux compétences reconnues.
  articuler vie familiale et vie professionnelle en favorisant l’accès des femmes à l’emploi.
  mettre en place une continuité éducative, répondre aux besoins diversifiés des familles
en favorisant l’invention de pratiques et de solutions nouvelles
  réduire les disparités territoriales
  agir contre l’exclusion dans un contexte où la France compte un million d’enfants grandissant dans des familles vivant sous le seuil de pauvreté, et où seules 3% des familles touchant des minima sociaux sont bénéficiaires d’accueils en crèche
  assurer un financement public important, pour lequel plaide l’enjeu de l’avenir scolaire des touts petits.
  La maternelle doit pouvoir scolariser tous les enfants de moins de trois ans dont les familles souhaitent l’inscription, et ce dans de bonnes conditions.

La FSU et la CGT s’engagent à développer en commun leurs réflexions et leurs actions en faveur d’un service public diversifié, avec des personnes qualifiés. A terme, pour nos organisations, cet accueil devrait être gratuit, comme l’est l’école maternelle.

Toulouse, le 27 mars 2010